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L'Aurore Pourpre


C'était en l'an 26, l'harmonie des Dofus primaires étaient souillée de la convoitise des Démons et les ténèbres de la ville de Brakmar vibraient d'un seul et même ton : celui du massacre, de la haine et de la guerre.
Une guerre contre la cité blanche, connu sous le nom de "L'Aurore Pourpre".

***

L’aube du 12 Septange de l’an 26 était froide, et la lumière peinait à percer les ténèbres. Les avants postes bontariens, tenus par les chevaliers de l’Ordre, étaient blanchis par les premières gelées ; les sentinelles étaient engourdies par ce froid précoce ; elles se tenaient autour des braseros et ne parvenaient pourtant pas à se réchauffer. La forêt, qui d’ordinaire commençait à bruisser de mille bruits à cette heure matinale, aurait été totalement silencieuse s’il n’y avait eu ce cri entendu à plusieurs reprises pendant la nuit. Les sentinelles n’y avaient d’abord pas pris garde mais elles scrutaient maintenant l’obscurité tout là-bas, en direction du sud. Le cri - ils doutaient qu’il fut sorti du gosier d’un animal ordinaire - s’était rapproché. Le capitaine de faction soupçonnait une ruse de l’ennemi. Les brâkmariens avaient été bien calmes ces derniers temps, sans doute trop. Il dépêcha un messager vers Bonta. Soudain, le cœur de la nuit s’agita ; des présences se mouvaient au-delà de la ligne de vue des sentinelles. Après quelques secondes de stupéfaction, elles se ruèrent sur les cloches d’alarme, trop tard ! Une clameur sauvage couvrit leurs tintements. Les chevaliers entendirent résonner des tambours de guerre. C’était le signal ! Les troupes amassées de part et d’autre des monts de Sidimote, déferlaient vers eux. Leur tumulte faisait trembler la terre. Et le jour ne se levait pas.

A Bonta, Jiva avait fait donner l’alarme, et galvanisait les miliciens : il leur faudrait tenir si l’attaque ennemie parvenait jusqu’à la ville. Elle exhortait les défenseurs, postant les archers aux meurtrières et les fantassins derrière les portes. Au-delà des enceintes, le martèlement étouffé des troupes en marche leur parvenait. L’ennemi gagnait du terrain, et rapidement ! Cela n’augurait rien de bon... Menalt et Pouchecot avaient rejoint Jiva. Après un bref échange, ils acquiescèrent tous trois. Jiva dirigerait la défense de la ville. D’un commun accord, Menalt et Pouchecot prirent chacun la tête d’une escouade de cinquante chevaliers. Parmi ceux-là, une bonne moitié était des centaures rangés sous les ordres de Menalt, les autres étaient des fantassins férocement armés.
L’épée tirée, au cri de « Bonta vaincra ! », ils foncèrent porter secours à leurs camarades. Hélas ! Là-bas au loin, les avants postes furent engloutis par des hordes de gobelins. C’étaient là quarante chevaliers, pas moins, qui succombaient, submergés par le nombre. Les renforts arrivaient trop tard ! Les troupes bontariennes forcèrent l’allure, et les centaures galopèrent de plus belle. A voir, les gobelins n’étaient que la pointe de l’attaque lancée contre Bonta.
L’ennemi grouillait devant eux. L’aube semblait figée et la nuit ne jamais se finir. Soudain, un jet de flammes pâles et grises flamboya par dessus les troupes gobelines et éclaira faiblement la bataille. Le cri sinistre retentit à nouveau. Les brâkmariens avaient balayé les postes avancés de Bonta. Devant lui, Menalt vit avec dégoût les chevaucheurs de carne poursuivre les derniers chevaliers en déroute pour les achever. Un Iop sombre, un capitaine de Brâkmar, les commandait, restant lui-même en retrait du combat.

« Les forces de Brâkmar sont grandes, mais pas invincibles ! » lui dit Pouchecot. Il fallait que les centaures enfoncent les flancs des troupes gobelines ; ils seraient pris en tenaille, pressés de part et d’autre. Pouchecot les écraserait ensuite, et toutes les forces bontariennes feraient face aux chefs de guerre brâkmariens. Il serait temps alors de s’occuper de la provenance de ces cris lugubres : les créatures aux ordres de Brâkmar étaient pour la plupart des brutes sans cervelle et indisciplinées. Elles fuiraient si leur commandement était décapité. Tel était l’avis de Pouchecot et de Menalt.
Les chevaliers arrivèrent sur les troupes gobelines… Ce fut une boucherie ! Un carnage ! Un étripage ! Les héros bontariens brandissaient leurs lames, et des giclures de sang maculaient leurs armures. Ils s’arrêtèrent enfin pour reprendre leur souffle. Les chevaliers se regroupèrent autour de Menalt et de Pouchecot. Ils n’avaient pas subi de pertes, quelques égratignures au plus. Menalt lança un regard circulaire pour mesurer l’ampleur du combat. L’attaque s’était bien passée. Très bien. Trop bien. Il cherchait le Iop sombre qu’il avait aperçu plus tôt. Le guerrier avait rejoint le reste des troupes brâkmariennes, et refrénait leur ardeur à aller au combat. Composées de squelettes Chafers, elles n’étaient pas venues secourir les gobelins… Un hurlement retentit, assourdissant. A nouveau les ténèbres furent déchirées par un éclair gris. Menalt s’aperçut de leur erreur. Les gobelins n’étaient qu’un appât ! Le pire allait arriver…


C’était un guerrier, un seul guerrier, vêtu d’une armure noire, un colosse. Il s’avançait vers eux, seul, et les brâkmariens s’écartaient sur son passage. Il hurla, et ce fut comme si les bontariens étaient jetés à terre. Furieux de ce mouvement de recul parmi ses chevaliers, Menalt les exhorta à combattre. Il leva son épée, et se rua à l’attaque. Pouchecot lui cria d’attendre, mais les centaures se précipitaient déjà à l’assaut des premières lignes ennemies. Le choc fut terrible, le fracas des armes retentit, les cornes sonnaient et les tambours de guerre battaient à tout rompre. Frappant de taille et d’estoc, Menalt se frayait un chemin vers le chef de guerre de guerre de Brâkmar. Si celui-là tombait, la victoire appartiendrait à Bonta ! Menalt pouvait voir combattre le guerrier : à chacun de ses coups, un chevalier tombait, son armure lacérée par l’épée noire. La pointe de sa lame décrivait des courbes et des cercles sans jamais s’arrêter, c’était comme si deux ailes d’ombres fouettaient l’air tout autour de lui. Le guerrier noir avait la même intention que Menalt.
« Je suis Menalt, commandeur de l’Ordre du Tonnerre, protecteur de Martalo ! Qui que tu sois, tes heures sont comptées ! » cria Menalt par dessus le tumulte. La bataille faisait rage tout autour d’eux. Menalt s’était débarrassé de son armure – elle ne lui offrait aucune protection, pire, elle entravait ses mouvements face à un tel adversaire.

« Je vais te faire rendre gorge, centaure ! Prie ton dieu pour qu’il t’ouvre les portes du royaume des morts, à toi et tes chevaliers ! Dis lui aussi que Hyrkul fera tomber Bonta aujourd’hui ! » des bouffées de flammes noires s’échappaient de son heaume. Menalt, à présent qu’il pouvait voir son adversaire de plus près, fut stupéfait de voir son ennemi se servir du feu noir comme d’une arme. Il s’écria : « Sacrilège ! Tu souilles le feu d’Ouronigride ! Tu seras maudit pour cela ! »
« Meurs centaure ! » vociféra l’autre, et tous deux s’élancèrent pour frapper. En moins d’une seconde tout fut joué ! Menalt brandit sa lance dont la pointe était nimbée d’un feu blanc, il se fendit d’une attaque en pique, visant le creux de la gorge, là où les plaques de l’armure noire étaient suffisamment espacées pour que son coup puisse être fatal. Mais la lance se perdit dans l’esquive du guerrier, ses larges ailes d’ombre tournoyèrent pour cingler le centaure et l’aveugler. Avant qu’il ait pu lancer une seconde attaque, Hyrkul avait empoigné la hampe de Menalt d’une main, et de l’autre, il l’avait agrippé à la gorge. Ils hurlèrent tous deux, l’un de rage, l’autre de douleur ! Une foudre enflammée jaillit à travers le heaume noir, frappant Ménalt au visage durant de longues secondes. Puis le guerrier repoussa le centaure assommé et pantelant pour lui asséner le coup de grâce ; il fit un moulinet avec son épée, la lame tournoya en sifflant pour retomber aussitôt ; elle faucha Menalt qui tomba dans la poussière. Le guerrier continua à faire tournoyer son épée en rugissant : un feu intense venant du fond de sa gorge embrasa sa lame. Les flammes se déployaient, de plus en plus larges et dangereuses. Les chevaliers avaient vu leur chef s’écrouler, et maintenant ils reculaient. Un dragon de foudre noire était né de l’épée d’Hyrkul. La bête les surplombait de toute sa hauteur. Il plongea à travers les troupes bontariennes. Elles s’embrasèrent instantanément, les chevaliers s’écroulant les uns après les autres ; les autres guerriers de Bonta furent soufflés par l’explosion. Pouchecot ne dut sa survie qu’à sa magie, il s’était enraciné profond dans la terre tel un arbre centenaire. Les armures des chevaliers jonchaient le champ de bataille. Une pluie glaciale se mit à tomber. Les hordes brâkmariennes se remirent en marche vers Bonta. Hyrkul se planta face à Pouchecot, transformé en un arbre énorme. Il s’était protégé mais réduit à l’immobilité du même coup. Le colosse noir éclata d’un rire sinistre.
« Je te taillerai un cercueil dans ton propre bois, Pouchecot ! Mais avant cela… je veux voir la tête de Jiva se balancer à tes branches ! » Il cracha et rejoignit son armée à grandes enjambées. Les fortifications de Bonta se détachaient au loin, pâles comme de la craie.

Les chevaliers de l’Ordre du Tonnerre avaient péri au grand complet…

Pour les défenseurs de Bonta, il semblait que jamais plus le jour ne se lèverait. Cette nuit était-elle la dernière qu’ils avaient à vivre ? Jiva n’était pas la seule à regarder le ciel, essayant de percer les mystères du sortilège qui pesait sur eux. Raval s’était rendu sur les hauteurs de Sidimote pour observer le champ de bataille et l’obscurité ensorcelée qui persistait. Cinq heures déjà ! Le jour aurait du se lever depuis cinq heures ! Ces heures étaient précieuses pour lui qui était le gardien de Septange. Cinq heures avaient été volées au mois dont il avait la protection... Il devrait en répondre devant Xélor !
Ce guerrier noir était d’une puissance phénoménale. Exterminer cent chevaliers était une chose. Anéantir Ménalt, en était une autre. Réduire Pouchecot à l’impuissance en était une troisième.
« Si je m’interpose entre lui et Bonta pour lui réclamer ces heures volées, je risque la mort… Quant à Bonta ! Chère Jiva, je ne donne pas cher de ta peau... Mais si Bonta tombe, la nuit durera…et c’en sera fini de Septange ». Et ça, Raval ne pouvait pas l’imaginer. Il descendit jusqu’au champ de bataille. Des gobelins rescapés de la bataille s’égrenaient pour former une arrière-garde clopinante. Au milieu des cadavres de gobelins et des armures vides, Raval avait eu l’idée qui allait sauver Septange. Lui qui, dès Fraouctor passé, s’évertuait à soutirer lentement la vigueur de chaque végétal, il allait rappeler à la vie les âmes des chevaliers trépassés.

A son commandement, les fantômes des chevaliers de l’Ordre du Tonnerre s’étaient levés ; leurs armures roulèrent au sol dans un bruit métallique. Brûlés, blessés, écorchés, ils portaient tous des plaies béantes. Raval passa entre les rangs silencieux, puis leur désigna l’armée de Brâkmar. Les troupes d’Hyrkul étaient aux portes de Bonta. Des Trools les martelaient de coups et elles menaçaient de céder à chaque instant. Jiva avait groupé les miliciens qui formaient un mur d’armures. Mais déjà les gobelins tentaient de se faufiler entre les brèches de la porte qui s’élargissaient davantage à chaque seconde. Hyrkul avait remis son épée au fourreau et assénait lui aussi des coups avec sa masse d’armes. Il suspendit son geste… et se retourna brusquement comme interpellé... Soudain des cris de détresse se firent entendre à l’arrière. Le colosse, déconcerté, resta à l’écoute. Mais ce n’étaient pas ces cris de peur qui l’inquiétaient. Il scruta le sud. Et il vit ses troupes débordées par les chevaliers de l’Ordre, ceux-là qu’il avait abattu avec la foudre noire. C’était une marée blanche qui submergeait les brâkmariens. A cet instant sonna la corne de Bonta. Jiva faisait ouvrir les portes et les miliciens avancèrent sur les troupes de Brâkmar, regagnant pas à pas chaque mètre de terrain perdu.
Hyrkul ne pouvait prévoir un tel retournement de situation. Les troupes de Brâkmar étaient prises en étau. Il vit les chevaliers fantômes, insensibles aux coups, qui taillaient en pièce son armée. La confusion était totale. Son capitaine battait en retraite. Gobelins et Chafers s’éparpillaient, aussitôt massacrés par les chevaliers fantômes. Se dégageant à grand’ peine de la mêlée, et sachant la bataille perdue, Hyrkul jeta un dernier regard à Bonta, si proche, avant de prendre la fuite en direction de la forêt des Abraknydes.

Un cri de victoire retentit dans tout Bonta. Les survivants voyaient enfin le jour se lever. Raval avait regagné les hauteurs de Sidimote, observant la débandade de Brâkmar. L’aurore était pourpre. La couleur laisserait son nom à cette bataille qui elle, resterait dans l’Histoire. « L’Aurore Pourpre » première bataille qui vit s’opposer Bonta et Brâkmar, fut l’une des plus meurtrière de la période dite de "la guerre des cités".

***

Cette rivalité s'estompa quelque temps, mais pour mieux continuer pendants plusieurs siècles.
Cette histoire est l'histoire des Héros, à jamais perpétué par les Conteurs et Bardes pour ne jamais oublier la menace des Démons et la vaillance des Guerriers.

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